Si vous vous souvenez bien, il y a quelques mois, je vous parlais de mon souhait d’allaiter. J’ai lu pas mal de choses sur le sujet, mais au fond, ce presque premier mois m’a réservé beaucoup de surprises. J’ai eu pas mal de retours sur des mamans qui ont abandonné l’allaitement au bout de quelques jours, et franchement, ça m’avait un peu fait douter, mais j’ai voulu tenter l’expérience, et oui, j’ai aussi failli abandonner. Cependant, au fil des semaines, on trouve son rythme, enfin notre rythme, et les choses se mettent en place plus facilement, peut-être même plus naturellement.
Premiers jours et syndrome Pamela Anderson
Les premiers jours à la maternité, on nous explique qu’il faut placer bébé comme ça, qu’il faut bien pincer le mamelon pour l’insérer dans la bouche de bébé (et quand on nous le fait ça fait plutôt très mal), et qu’il faut garder bébé 10 min maximum à chaque sein. Forcément, les seins sont fragiles et le colostrum est très riche, donc 10 min par sein est supposé être suffisant pour bébé. On est donc heureuse de pouvoir nourrir bébé, mais ça comment à tirer un peu.
Au bout de deux / trois jours, alors qu’on commence à trouver son rythme, voici que les seins se mettent brusquement à se tendre et à ressembler à des obus. Chauds, et durs, une des puéricultrices présentes à la maternité, m’a expliqué qu’il s’agissait de la montée de lait (tant attendue) et que ce syndrome Pamela Anderson (oui c’est elle qui l’appelle comme ça j’ai beaucoup aimé) n’allait durer que quelques jours. Un petit tour sous la douche bien bien chaude, un petit massage pour drainer, et ça irait mieux. Et c’est vrai que ça soulageait, mais au fond pas tellement et les tétées de la maternité n’étaient pas franchement glorieuses avec un bébé qui avait du mal à se rassasier et une maman qui se faisait regarder de travers lorsqu’elle laissait bébé téter trop longtemps (même s’il était évident que pépette avait encore faim, selon le personnel je la laissais trop longtemps).
Désinformation et mal de chien
Oui, vous ne rêvez pas, et je n’exagère pas, pendant les débuts, on peut ressentir un mal de chien. Son origine ? Les vilaines crevasses non désirées, qui apparaissent sauvagement, et qui en plus stresse la maman et le bébé. Parce que ce moment où tu mets bébé au sein et qu’au moindre contact, à la moindre succion tu as un mouvement de recul tellement tu as mal ça ne le fait pas. Au retour à la maison, après la première nuit et un bébé pendu au sein tout le temps pour être rassuré, les crevasses ont empiré par rapport à la maternité et la douleur est devenu lancinante. J’ai donc beaucoup culpabilisé, et j’ai très sérieusement pensé, je dois l’avouer, à abandonner l’allaitement. Je savais que le lendemain j’avais rendez-vous avec une sage-femme de la PMI (Protection Maternelle et Infantile) et j’étais prête à lui demander comment faire pour passer au biberon, quasiment en pleurs dans le lit ou sur le fauteuil à chaque tétée.
Le lendemain, cette sage-femme (que je bénis car elle est géniale) m’a donné des conseils. A la fois pour moi et pour bébé. Elle a modifié la position conseillée à la maternité, elle m’a dit de ne pas pincer le téton pour ne pas qu’il se place mal dans la bouche de l’enfant, mais laisser l’enfant prendre naturellement, masser et stimuler par pression pendant la tétée pour raccourcir leurs durées sans que cela n’ait d’effet sur les apports de lait, les soins à apporter aux seins, comment reconnaitre un bébé qui prend bien le sein sans que la langue ne frotte trop pour réveiller les douleurs. Et à ce moment, j’ai réellement pu découvrir l’allaitement, avec des sensations parfois gênantes, mais plus vraiment douloureuses.
Installation du rythme et complicité
Puis, il a fallu se faire au rythme. Attention, pas celui de la maternité. Oui là encore ça balance sur le personnel mais leur conseil c’était « surtout donner au maximum toutes les 4 heures, et si bébé dort réveillez-le ». MAIS MAIS MAIS ! Erreur ! Déjà bébé demandait en général toutes les deux heures ou trois en journée, et trois ou quatre ou cinq (oui oui) heures la nuit. Du coup, prise de panique sur le rythme qui n’était pas bon, je programmais un réveil toutes les 4 heures pour respecter ce délai. Mais voyant bébé dormir profondément, et étant fatiguée, je n’avais aucune envie de la réveiller. J’en ai donc parlé à la sage-femme de la PMI, qui m’a dit qu’en gros les 4 heures c’était de la connerie, qu’il fallait donner le sein (ou les deux) à la demande. Si bébé dort, c’est qu’il est repu, pas la peine de le réveiller et l’énerver pour le nourrir, il réclamera quand il aura faim. Du coup, je me suis sentie bien moins coupable.
Le rythme s’est donc instauré petit à petit (hors pics de croissance) avec des tétées toutes les 3 heures à peu près en journée, 2 heures les soir (en bouquet pour se préparer à la nuit) puis 4 heures ou 5 la nuit (oui on a plutôt de la chance). A chaque tétée, il faut savoir gérer son temps pour s’installer, car un bébé qui a faim donne pas mal dans la vocalise et cela vous transforme en fontaine. Une fois correctement installées au calme dans le fauteuil, c’est un plaisir. Vérifier la déglutition, puis profiter du moment, surtout la nuit, toutes les deux, dans le silence. L’ocytocine participe aussi au bien-être en reposant la maman lors de la tétée, puis au final, prolonger la complicité de la grossesse, cette fusion, en récoltant un sourire de bien-être à la fin, c’est génial. Enfin, lors des journées régulières, parce que parfois ça peu être assez rude au réveil.
Bébé insatisfait, retour de Pamela Anderson, et fuites en folie
Ce titre très glamour est plutôt un bon résumé d’une situation rencontrée à plusieurs reprises. D’abord, bébé pleure, demande le sein toutes les heures, semble insatisfait en fin de tétée. On se pose des questions, on se dit qu’il y a un problème au niveau de l’apport de lait. Mais en fait, c’est normal. Il s’agit d’un « pic de croissance » bien que les experts ne s’accordent pas tous là-dessus. Certains affirment que c’est pour modifier la quantité et la qualité du lait produit par la mère en répondant à une demande plus importante, d’autres affirment que c’est une manière de se rassurer lors d’une période précédent une évolution importante des progrès de développement du bébé, mais qui au final augmente la production de lait. Donc, on revient au syndrome Pamela Anderson, avec des seins qui gonflent encore plus mais restent plutôt de bonne taille après (oui avouons le, c’est plutôt cool des gros seins).
Sauf que… On produit plus de lait, d’une composition adaptée aux besoins de bébé. Et qui dit plus de lait, et sentiments maternels, dit… Fuites de lait. Non pas quelques petites gouttes hein. Non non, la belle fuite qui tâche et qui fait fourmiller vos seins. Oui, on peut découvrir cette sensation. C’est désagréable d’avoir des fourmis aux pieds ou mains alors imaginez les seins ! Mais ceci dure peu de jours et le rythme redevient rapidement normal. Attention tout de même à la fatigue. Au passage, ces fuites peuvent être très pénibles, lorsqu’on essaie de bien s’habiller pour un événement. On peut utiliser des coussinets absorbants (jetables ou lavables), mais il arrive un stade où ils s’imbibent et laisser vos bouts de seins macérer n’est pas net du tout, ni hygiénique.
Alors même si les débuts de l’allaitement peuvent être chaotiques, j’aimerais vous dire de vous accrocher et surtout de ne pas abandonner. Le plaisir de retrouver son bébé au sein, de le nourrir et voir son sourire. Même s’il faut une organisation, jongler entre les langes avec un bébé qui en met un peu partout. Et petit conseil, n’oubliez pas que même en cas d’allaitement, vous pouvez faire faire un rot à bébé car même s’il avale moins d’air qu’avec un biberon, il se peut qu’il y en ait qui passe un peu à travers.
L’image à la une est la couverture du comics Saga Chapter One (que je vous conseille de tout coeur)
Ho oui, au début c’est… surprenant. Il faut juste écouter son instinct, car dans le fond on sait pertinemment ce qui est bon pour notre petit. Il y a malheureusement meme dans le personnel medical une groooooosse désinformation par rapport a l’allaitement, les seules personnes hyper au carré avec ca sont les personnes de la letche league, je conseille a toutes les personnes qui s’intéresse a l’allaitement (les débuts, les pics, la croissance, le tire lait, la reprise du boulot , les nuits, la conservation du lait, les crevasses, les mastites etc.) a se rapprocher du site de la LLL… Lire la suite »
Oui je suis d’accord pour la Letche League et c’est d’ailleurs grâce à toi que j’ai connu. Je passe beaucoup de temps sur leur site à la moindre occasion de partir trouver une information. Merci beaucoup 🙂
J’espère tenir le plus longtemps possible, après tout c’est naturel, et meilleur pour maman et pour bébé !
Plein de gros bisous
J’ai eu beaucoup d’intérêt à lire ton article ce qui est plutôt incroyable. Parce que je dois t’avouer que l’allaitement est un truc qui me dégoute au plus au point. Mais vraiment. Je déteste ça, rien que d’y penser ça me donne la nausée. Le pire, c’est quand quelqu’un allaite son enfant devant tout le monde. Je n’arrive vraiment pas à comprendre ça. Je trouve que c’est un moment intime qui doit rester privé, l’exposer aux yeux de tous à table, dans le métro, à une soirée ou quoi, ça me rend malade. Alors j’ai beaucoup de respect pour les… Lire la suite »
Souvent les femmes qui n’ont pas été allaitées enfant n’ont pas d’attirance pour cette pratique il paraît. Mais il y a des exceptions. Je n’ai pas pu être allaitée (problème de suites de césarienne compliquée, éventration, infection avec diabète et autres soucis côté maman), donc du coup j’ai voulu donner cette chance à ma pitchoune. Après chacun s’occupe de son bébé comme il le sent, c’est sûr que même sans être allaitée je suis très proche de ma maman aussi. Il y a plein d’autres manières de développer la complicité entre les deux 🙂 En fait, j’ai quand même eu… Lire la suite »
C’est marrant comme ca ne choque personne une maman qui donne un bib de lait DE VACHE alors qu une maman qui allaite croisera (peu mais parfois) des regards accusateurs…. En tous les cas moi j allaite partout, discrètement a l extérieur, nichon a l air chez moi. Hahaha