Le syndrome de l’imposteur, être maman, et parfois, expérimenter le tout en un. C’est mon cas. Et c’est vraiment pénible, à la fois intérieurement, puis pour les autres autour également. Mais comment cela se manifeste ?
La chance et le hasard, mes meilleurs amis
Le syndrome de l’imposteur, c’est cette idée de voler la réussite, le succès ou tout autre bon évènement à autrui. C’est d’une certaine manière un rejet du positif que l’on peut recevoir. Parfois cela s’exprime sur seulement certains points, parfois c’est tout le temps.
Cette impression d’avoir eu des examens par chance, alors qu’en fait tu as quand même travaillé pour. Cette impression d’avoir eu ce nouveau travail parce que tu étais là au bon endroit, au bon moment. Cette impression d’avoir réussi telle mission parce que c’était un coup de chance. Voilà comment je vois ma vie.
J’ai beau me dire que, enfin tenter de me persuader, que si j’en suis là c’est parce que je travaille pour et que je le mérite. La chance et le hasard prennent toujours le pas, et mes doutes les laissent gagner. Je doute de tout au quotidien, et particulièrement dans ma vie maternelle.
Maman, un imposteur en liberté
Si vous ne le savez pas, je souffrais (et toujours encore) d’endométriose. Pour moi, tomber enceinte était de la chance pure et dure. Et je culpabilise encore d’avoir eu un enfant sans suivi, sans traitement quand je vois des endosisters lutter pour avoir un enfant. Je me dis même parfois « pourquoi moi? ». Et là, c’est en général le point de départ. Merci syndrome de l’imposteur.
Enceinte, je faisais ce que je pouvais. Une fois Helena venue au monde, je faisais ce que je pouvais. Maintenant à quatre ans et demi je fais toujours ce que je peux. Les réussites ne sont que coups de chance. Son caractère doux et gentil, ne vient pas de moi. Sa patience et ses connaissances, de son papa qui prend bien soin d’elle, plus que moi.
Ses excès de colère, ses gestes d’humeur, son caractère boudeur viennent de moi. Ses échecs, ses blessures, viennent de moi, car je n’ai pas su anticiper ni faire ce qu’il faut. Voilà comment je me vois en tant que maman. Je me vois comme une maman qui essaie mais qui échoue. Même à un simple « oh elle te ressemble » je réponds que non c’est surtout à Papa ou même Mamie. Je n’arrive pas à accepter les remarques positives, les réussites que j’attribue constamment à d’autres personnes. Je suis incapable de prendre le bon pour moi et le garder, comme si je ne le méritais pas.
Je sais que pourtant, je fais au mieux, que je suis très exigeante envers moi même, mais du coup, à mes yeux, je ne réussis rien. J’essaie de plus en plus de voir le positif, mais pour être honnête, cela doit marcher 20% du temps avant de vite repartir en fumée. Je ne compte plus les « c’est de ma faute », « c’est à cause de moi » au fil des journées lorsqu’on parle de ma fille.
J’aimerais un jour passer à « c’est grâce à moi » plus souvent mais je pense que mon syndrome de l’imposteur prend une place assez grande et ne me laisse pas encore prendre le dessus pour y parvenir. Alors j’essaie encore et toujours de retenir le bon, même si cela ne semble pas naturel.
En gros je suis un imposteur dans le rôle d’une maman. Elle tente des choses, tente de faire au mieux, mais au final, n’y arrive pas. Si succès il y a, ce n’est jamais la maman qui gagne mais l’imposteur rejetant la réussite sur autrui. Et ça fait mal, mais ça changera, je le sais, avec le temps qu’il faudra.