S’il y a bien un sentiment des plus détestables, c’est bien celui de se sentir rejetée par son bébé. On nous le dit bien assez souvent, un bébé est bon et jamais méchant, et il nous aime. Mais parfois, il arrive que l’on se sente comme rejetée par son enfant, même s’il n’a que quelques mois à peine. J’en ai fait l’expérience, et j’ai beaucoup douté, pleuré, j’ai eu mal, très mal. C’était comme si mon coeur se déchirait. En faisant des recherches sur un certain point, j’ai découvert que ce sentiment pouvait être fréquemment rencontrés chez les mamans, surtout allaitantes. J’ai donc décidé de briser le silence et en parler, car même si c’est très dur, il ne faut pas avoir honte de ces moments là.
Mon bébé ne veut plus de moi
Tout a commencé il y a peu. Bébé ne voulait pas prendre le sein gauche ou très difficilement, ou bien une fois très fatiguée la nuit. Je me suis dit que c’était passager, et que de toute façon, si elle n’avait pas assez à boire elle réclamerait d’autant plus sur l’autre sein. Mais elle a gardé son rythme en faisant des tétées plus longues à droite. Ayant chuté en voulant se lever, je me suis dit qu’elle s’était peut-être un peu contracturé le cou, alors je la massais. Puis, il y a eu cette nuit-là.
Comme tous les soirs, on a couché bébé selon le même rituel, vers la même heure même si ce n’était pas à la minute près. Mais une fois au lit, elle a mis beaucoup de temps à s’endormir, à tourner, virer, chouiner, taper sa sucette sur les barreaux. Puis, elle a réclamé sa tétée, un peu plus tôt que d’ordinaire et n’a pris que très peu, juste la montée de lait puis stop. Avec pleurs et impossibilité de la faire téter à gauche, juste un peu à droite. Et là, c’était parti. Pendant une bonne partie de la nuit elle pleurait toutes les trente minutes à peu près, semblant vouloir téter mais hurlant une fois en position dans mes bras. Cette fois, ce n’était plus le côté gauche en défaut mais les deux. J’ai beaucoup pleuré. Je pensais que c’était fini. Qu’elle ne voulait plus du sein, et qu’au fond c’était avec la fatigue comme si elle ne voulait plus de moi. J’étais effondrée dans mon lit, recroquevillée sous ma couette, trempée de larme, avec le papa infiniment gentil et désemparée de me voir ainsi à côté. Je lui ai dit que ça allait passer, mais j’ai beaucoup pleuré. Et à chaque tétée ratée qui suivait je m’enfonçais un peu plus, j’avais un peu plus mal. Sauf que mon désarroi ayant pris le dessus, même lorsque bébé refusait mes câlins je prenais ça pour un rejet. J’ai même dit clairement « si tu ne veux plus de moi dis le« . Oui, c’est terrible. Mais j’avais tellement mal au fond de moi.
Ayant peur que bébé hurle de faim, j’ai même essayait un biberon, avec refus bien sûr car elle ne sait toujours pas le prendre. Et j’ai eu peur. Si elle ne veut pas le sein ? Pas le biberon ou la tasse ? On fait quoi ? Sa courbe de poids ? Sa soif ? Tout s’est bousculé, j’étais perdue. Un peu comme prise dans un tourbillon qui vous donne le vertige, la nausée vous emprisonne. Puis, au bout de quelques heures, je me suis ressaisie. Si bébé ne veut plus du sein ce n’est pas grave, on va trouver une solution. Je suis parvenue tant bien que mal à retrouver mon calme à prendre sur moi. Puis un nouveau pleurs, alors que je tremblais d’épuisement (car bébé nous a fait ce mauvais moment le jour où j’étais épuisée). Je suis allée la retrouver. Mais cette fois, je l’ai juste prise contre moi, dans sa gigoteuse, au chaud, en la berçant, en marchant dans sa chambre. Quand je l’ai senti se calmer et s’abandonner sans qu’elle ne me repousse, je l’ai doucement faite glisser sur le sein, qu’elle a pris un petit moment, calmement avant de s’endormir pour cinq heures de repos. J’étais heureuse car elle avait enfin bu, et soulagée qu’elle veuille du sein. Mais je gardais cette peur au fond de moi que le rejet recommence. Et même si ce n’est pas volontaire de la part du bébé, les refus de câlins, tétées, peuvent blesser.
Il y a forcément une raison quand même
Mais quand ceci arrive on se remet en question. Qu’ai je fait de mal ? Pourquoi mon bébé me rejette-t-il ? C’est vraiment dur et j’ai beaucoup réfléchis, j’ai tourné la situation dans tous les sens. J’étais vraiment perdue, je ne savais pas comment vivre cette nuit affreuse. Puis, j’ai commencé à éplucher toutes les pistes que j’avais. Les dents ? Pourquoi pas, ça se tient pour le côté gauche, mais les deux en même temps c’est trop bizarre. La lune ? Une pleine lune réputée comme la pire de l’année, qui influe sur le sommeil oui, l’allaitement mouais. Un mal de ventre ? J’ai essayé les massages, et non ça ne ressemblait pas tellement à ça. Fin de tétée et sevrage naturel ? Oui, probablement, il va falloir que je m’y fasse. Mes seins ne lui suffisent plus, elle veut autre chose, alors je lui donnerai. J’en avais mal à la tête de réfléchir à tout ça. Puis vers six heures du matin, elle a tété, et ça a été tout jusqu’en début d’après midi. J’ai donc appelé l’ostéopathe un peu en stress pour qu’il vérifie que ce ne soit pas postural, ou peu-être une gêne du ventre. Oui, je ne voulais pas appeler mon pédiatre, je suis toujours fâchée contre lui suite à ses réflexions sur l’allaitement donc là il m’aurait dit de tout laisser tomber.
Sauf qu’en fait, bébé va très bien. Elle est même en parfaite santé selon l’ostéopathe après son examen. J’étais donc à la fois soulagée et à nouveau perdue. J’avais éliminer une cause, mais c’était celle sur laquelle je me reposais le plus. Par contre, j’ai voulu feinter. Bébé ayant beaucoup pleuré chez l’ostéopathe, j’ai tenté la tétée en rentrant pour qu’elle boive un peu, et elle a pris le sein ! Le miracle. Mais de courte durée, car jusqu’au soir tard, il n’y en a pas eu d’autres. J’avais toujours ce sentiment que bébé mettait comme une distance entre nous c’était dur. J’ai donc refait des recherches. La nuit s’est déroulée calmement, avec des tétées sur les deux seins, et moi qui retenait presque ma respiration de peur de la voir se retirer. J’allais la voir en stress dès qu’elle pleurait et ce n’est pas bon du tout. Le lendemain matin, rebelote, pleurs mais pas de tétée, j’avais l’impression qu’elle avait soif, mais elle ne voulait rien. J’ai essayé le biberon au cas où, mais c’est la pire des idées elles s’est braquée encore plus. Je ne savais plus quoi faire, les rares tétées qu’elle prenait me semblait trop peu suffisantes. J’ai donc à nouveau beaucoup pleuré. Je lui ai parlé en l’ayant dans mes bras, je lui ai dit que j’étais désolée, que je faisais des erreurs. Je l’ai laissée jouer à côté de moi en l’observant en retenant mes larmes. Et puis d’un coup, elle a levé les bras pour un câlin puis a réclamé le sein en essayant de téter à travers mon top. Je lui ai donc donné calmement, et elle a continué à réclamer au fil de la journée. J’était heureuse, mais toujours perdue, j’ai encore fait des recherches.
Vilaine dent et grève de la tétée
Au final, on a pu comprendre ce qu’il se passait. Au détour d’un grand sourire, voilà que je vois une boule blanche sur le côté gauche de la gencive inférieure de pépette. Une pré-molaire, déjà ? Alors qu’elle ne nous a pas sorti ses incisives supérieures ? On verra bien mais ça y ressemble, j’ai donc de suite rapproché son refus du sein gauche à sa sensibilité. Mais pour la grève du droit ? En fait, il se trouve qu’à huit mois certains bébés espacent les tétées pour les concentrer et vu qu’ils tètent plus efficacement on peut ne pas s’en rendre compte. Mais il se peut aussi qu’un bébé fasse une grève de la tétée.
Ces grèves conduisent beaucoup de femmes à arrêter l’allaitement. Bébé ne veut plus du sein alors on tente le bib’ comme on a fait. Sauf qu’heureusement elle ne sait pas le prendre et finit par prendre le sein. Mais si bébé prend ses habitudes au biberon dès qu’un tétée est refusée, vous pouvez dire au revoir à l’allaitement. C’est une période un peu test, où il faut se rapprocher de l’enfant, le rassurer, lui montrer qu’on est là même sans le sein, et il y reviendra quand il aura besoin. Certaines grèves peuvent être complètes sur deux jours, ou juste espacer un max les tétées sur plusieurs jours / semaines. Si la maman ne craque pas et entretient sa lactation en vidant manuellement ou en tirant son lait, l’allaitement peut reprendre son cours normal. Il faut juste tenir bon.
Mais c’est dur, c’est tellement dur de voir son bébé qui chercher à sortir des bras, qui refuse le sein et hurle au point de ne même plus vouloir de câlin. On ressent de suite un coup au coeur, comme si quelque chose se brisait. Alors qu’en fait, c’est juste un mauvais moment à respecter, LE moment où il faut respecter bébé, son rythme, ses changements. J’ai cru que je devrais arrêter l’allaitement, et souhaitant allaiter encore le plus longtemps possible, je l’ai pris comme un échec. Imaginez le tableau, bébé ne veut plus moi, mon allaitement, la seule chose dont j’étais fière de tenir bon était un échec, j’étais épuisée de fatigue et de pleurs… C’était terriblement dur. Sauf que j’ai su sortir la tête hors de tout ça, j’ai laissé mon bébé faire et venir réclamer les tétées de lui même, même si elles sont bien plus espacées. Je l’ai écouté, et ça semble marcher. Elle réclame à nouveau les tétées quasiment aux mêmes horaires qu’auparavant surtout le soir et la nuit. J’espère que cela durera, mais si jamais vous rencontrer cette situation, surtout ne paniquez pas, ne vous jetez pas sur le biberon. Votre bébé est la clé, vérifiez que rien ne le gène et écoutez le. C’est le plus important !
Avez-vous déjà connu des moments de la sorte ?